« Sachant que les chasses aux sorcières ont duré plus de deux siècles et qu’elles ont eu lieu dans toute l’Europe, crois-tu qu’elles pourraient avoir laissé une sorte d’empreinte psychique ? »
Dans ce livre, Isabelle Sorente s’intéresse à la grande histoire, celle que l’on doit reconstituer, rétablir, se remémorer pour comprendre et guérir la petite, la petite histoire qui nous constitue et parfois nous torture…
Au travers de ce roman-enquête, Isabelle (que je me permets de nommer par son prénom, comme si ce livre m’avait rapproché d’elle, comme une copine que j’aurai retrouvée. L’une de celles qui cherchent, qui tentent de comprendre, qui prennent les indices que l’on tentent de leur cacher pour aller plus loin encore dans cette quête de vérité…) va découvrir en même temps que le processus de création de son livre, comment cette exécution de masse des femmes a pu impacter aussi bien son parcours personnel que la psyché féminine en général.
Croire que ce massacre s’est déroulé uniquement au Moyen Age alors qu’il fut initié suite à la publication d’un manuel des inquisiteurs publié en 1487 (époque de la Renaissance), et connaît son apogée entre fin 16eme et début 17eme siècle (époque des Temps Modernes), nous éloigne-t-il de notre vérité ?
L’exemple de la pesée pour savoir si une femme était une sorcière ou non, ferait- il échos à cette obsession du poids des femmes d’aujourd’hui ?
Les interrogatoires réalisés par les inquisiteurs envers les femmes, où les réponses étaient contenues dans les questions avec “un ton presque amical, paternel et enjôleur”, seraient-ils entrés insidieusement dans notre vision de l’érotisme ?
L’impuissance de ces hommes voyant leurs femmes et leurs filles se faire brûler, eux même réduits au silence par la menace de l’inquisiteur, ferait-il échos à l’omerta actuelle sur la domination patriarcale, les rendant complices de cette oppression?
Ce sont toutes ces questions que se pose Isabelle lors de son enquête historique sur les chasses aux sorcières. Une enquête qui va l’emmener dans ses propres souvenirs d’une adolescence douloureuse, d’une mémoire familiale et de découvertes intimes qui font échos à ses recherches, qui ont fait échos aux miennes et qui feront sûrement échos a d’autres copines …
Bonne lecture à toutes et tous
Lucie