Si nous choisissons d’écrire cet édito en ce début d’année 2020, c’est que les derniers mois de 2019 ont été longs et traumatiques. L’attentat de la mosquée de Bayonne nous a bouleversées. Pourtant, nous étions loin d’être étonnées, car l’histoire contemporaine de ce pays nous avait prévenues et continue de le faire jour après jour. En France, l’islamophobie d’État est un racisme ancien, documenté, qui n’aura pour l’heure jamais fait l’objet d’une quelconque reconnaissance de la part des diverses sphères du pouvoir. Donc comment espérer que celles-ci fassent marche arrière ?
« On chante notre sale rage depuis le commencement…
L’islam, concurrent de l’État colonial en Algérie occupée ?
Un État, dans son entreprise de domination coloniale, ne se contente pas de s’approprier une terre. Il s’attèle à conquérir à la fois les corps et les esprits de chaque habitant et de chaque habitante qu’il n’aura pas (encore) tué-e. Ainsi, l’État français aura théorisé et expérimenté la « guerre totale » face aux insurrections incessantes des populations algériennes, et transmettra plus tard ce savoir impérialiste à travers le monde.
Le fait est que les anthropologues complices du colonialisme français ont rapidement remarqué, lors de leurs précieuses expéditions, l’influence de la religion musulmane dans les règles régissant de très nombreux aspects de la vie privée et publique, pour nombre de ces « indigènes ». Ces populations devenues administrées par le pouvoir colonial devaient être dépouillées de leur passé et, avec lui, des attachements qui pouvaient être les leurs. La loyauté ne doit revenir qu’au colonisateur, qui détiendrait tout donc seul à même d’apporter quelconque bénéfice à ces populations « à civiliser » (comprenez « à domestiquer »).
« Dans cette optique, l’islam est d’abord envisagé comme un système idéologique, et non comme une religion, qui constitue un obstacle à la pacification du pays. » – Oissila Saadia, autrice de L’invention du culte musulman dans l’Algérie coloniale du xixe siècle
Les premières décennies de l’occupation furent marquées par des séries de fermetures et de destructions de mosquées ainsi que d’écoles musulmanes dans lesquelles on apprenait l’arabe et le Coran. Les villes comme les espaces ruraux furent totalement transformés. Ajoutons à cela la confiscation d’environ deux millions d’hectares de terre mais aussi le labourage d’un grand nombre de cimetières devenus terres arables pour les colons. Si certains religieux s’opposèrent à ces confiscations coloniales, ils se virent punis par l’internement et forcés à l’exil. La politique d’acculturation et d’assimilation était en marche.
« Je crois qu’il est préférable de leur apprendre à sentir comme nous, à gouter la vie comme nous et qu’il serait peut-être préférable de dissoudre le bloc des traditions islamiques, en ce qu’elles ont d’incompatible avec notre civilisation » – Charles Lutaud, gouverneur général de l’Algérie, février 1914
Dans le même temps, en parallèle d’opérations d’évangélisation catholique, l’État colonial décide de se charger de ce qu’il appellera vite le « culte musulman » et son « clergé ». Ainsi, dès 1870, la France construit un Islam officiel, institutionnel (#Islam de France). Le pouvoir colonial nomme et paie lui-même les personnels des mosquées qu’il reconnaît dès lors comme légitimes. L’organe institutionnel qui s’en charge est appelé « Commission d’administration et de surveillance du culte musulman de la ville et du département d’Alger ». Y statuent : 2 muftis, 6 (puis 8) membres dits « laïcs », ainsi que le secrétaire général pour les Affaires Indigènes et la Police Générale, qui préside cette commission.
Et puis en 1905, en métropole, on promulgue la loi de Séparation des Églises et de l’État. Dans celle-ci, il est précisé que les spécificités du territoire algérien sur cette question amèneraient à un décret un peu plus tard. C’est le premier acte d’un État supposément laïc dans l’exception coloniale qu’il instaure vis-à-vis des Musulmans et des Musulmanes.
Après cette loi, on constata des applications diverses dans les « départements français » d’Algérie. La logique coloniale a pris le pas sur une laïcité de principe. Un décret en 1907 et les différentes décisions qui suivirent caractérisent ce double discours : le gouverneur d’Algérie ne nomine plus les membres des associations cultuelles musulmanes mais il donne (ou pas) son agrément afin qu’ils bénéficient (ou non) d’indemnités plafonnées. Ses décisions étant justifiées par « l’intérêt national et public ».
Ainsi, on pouvait distinguer les groupes musulmans qui continuaient à revendiquer l’indépendance du religieux vis-à-vis de l’État français (en brandissant la loi de 1905) à ceux qui voyaient les rémunérations allouées à leurs mosquées et associations cultuelles baisser et regrettaient l’avant 1905. Ces modestes indemnités étaient en fait destinées (par les textes officiels) à disparaître, mais leur durée fut maintes fois prolongée à coups de décrets successifs.
D’ailleurs, à partir de 1911, une « Commission interministérielle des Affaires musulmanes » réunit les représentants des ministères des Affaires Etrangères, des Colonies, de la Guerre, des Finances, et de l’Intérieur. Elle est en charge des questions relatives à l’Islam dans l’Empire colonial et en métropole. Si, avant 1830, l’Islam avait un pouvoir social, économique et politique non-négligeable, l’Occupant était maintenant en charge de légiférer et de décider de l’organisation sociétale mais aussi de celle de l’islam, en Algérie. Du moins, c’était l’objectif.
Ainsi, des concours (accompagnés d’une sélection sur dossiers) sont organisés pour désigner des agents du culte musulman qui conviennent aux autorités coloniales. C’est dans ce contexte que des enquêtes de moralité sont menées sur chaque candidat afin de mesurer 2 choses : son « degré d’influence sur ses coreligionnaires » et son « loyalisme envers la France ». Si dans les faits, l’influence de ces personnes sur les populations musulmanes d’Algérie était généralement très faible, la deuxième condition demeurait impérative.
Parallèlement, il s’agissait pour l’administration coloniale de limiter le droit de prêche, face à une crainte constante et grandissante de voir la contestation s’organiser au sein des mosquées dont elle n’avait pas le contrôle. Et le 16 février 1933, le secrétaire général de la préfecture d’Alger, Jules Michel, enjoignit par la « circulaire Michel » les autorités coloniales de surveiller les oulémas (théologiens/savants musulmans) suspectés « de chercher à atteindre la cause française ».
Il apparaît important de rappeler que, au-delà d’un racisme biologique, le colonialisme fait du sujet indigène un suspect à contrôler car il porterait en lui un système de valeurs et de mœurs (musulmanes) à rejeter et qu’il serait plus propice à la rébellion, plus « indiscipliné ». Il serait conditionné par ces valeurs à dévier des règles érigées par le colonisateur et non pas conditionné par les humiliations et l’asservissement dont il fait l’objet.
« Dans la période de décolonisation, il est fait appel à la raison des colonisés. On leur propose des valeurs sûres, on leur explique abondamment que la décolonisation ne doit pas signifier régression, qu’il faut s’appuyer sur les valeurs expérimentées, solides, cotées. […] La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensée des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs. » – Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, 1961
Convaincus de la supériorité et de l’universalisme des valeurs qu’ils portent, les sujets européens en Algérie, pour la plupart reclus dans leurs propres quartiers, observent avec curiosité et inquiétude les mœurs des indigènes qu’ils aperçoivent voire fréquentent. Intrigués par cette société marginale bien que majoritaire, par une organisation familiale et sociale dont ils n’ont pas tous les secrets, par ces femmes dont on ne voit en général que les yeux.
« La société coloniale s’insurge avec véhémence contre cette mise à l’écart de la femme algérienne. On s’inquiète, on se préoccupe de ces malheureuses, condamnées « à faire des gosses », emmurées, interdites. En face de l’intellectuel algérien, les raisonnements racistes surgissent avec une particulière aisance. Tout médecin qu’il est, dira-t-on, il n’en demeure pas moins arabe… « Chassez le naturel, il revient au galop »… Les illustrations de ce racisme-là peuvent être indéfiniment multipliées. En clair, il est reproché à l’intellectuel de limiter l’extension des habitudes occidentales apprises, de ne pas jouer son rôle de noyau actif de bouleversement de la société colonisée, de ne pas faire profiter sa femme des privilèges d’une vie plus digne et plus profonde… » – Frantz Fanon, L’an V de la Révolution algérienne, ‘La bataille du voile’.
Parmi les images illustrant le colonialisme français, on retrouve souvent les séances de dévoilements publics organisés notamment par les épouses de hauts fonctionnaires de l’Armée française. De véritables moments de célébration pour le public, puisqu’elles avaient lieu dans les quartiers européens d’Algérie ou encore de Tunisie.
Une énième preuve d’une obsession raciste vis-à-vis de différentes pratiques de l’Islam en contexte colonial, mais également l’indice d’une obsession qui touche plus spécifiquement les femmes musulmanes (et leurs soumissions ou non aux diktats du patriarcat à la française).
…Mais comme les problèmes sont les mêmes c’est un éternel recommencement. “
La laïcité et la « dimension sécuritaire » comme outils et prolongement de l’administration coloniale française
L’islamophobie prend de nouvelles formes et de nouveaux visages à travers différents outils mis en place et renouvelés quotidiennement en France.
La loi du 15 Mars 2004 portant sur l’interdiction du port des signes religieux pour les élèves de l’enseignement public primaire et secondaire fait partie de cela. Elle a permis de légaliser l’exclusion de jeunes élèves musulmanes qui portaient un voile ( cf. le film “Un racisme à peine voilé” de 2004 en libre accès sur YouTube). Des proviseur-e-s ou encore des enseignant-e-s qui jusque là contrevenaient au droit français en discriminant ces élèves se sont enfin senti-e-s soutenu-e-s, protégé-e-s. Pour celles qui ont vécu ce changement alors qu’elles étaient déjà au collège ou au lycée, les conséquences psychologiques ont été importantes.
Et pour les générations qui suivirent, le message avait été transmis dès leur plus jeune âge : elles devaient faire un effort particulier, se faire violence, si elles désiraient avoir accès à l’enseignement laïc et gratuit. Encore aujourd’hui des idéologues de l’invisibilisation et la marginalisation des femmes musulmanes se félicitent de la loi de 2004. La République sortirait grandie, plus forte, en imposant un modèle de normes sociales, « une certaine idée de la France » et de ce à quoi doit ressembler une femme dans l’espace public français. Une continuité du projet colonial? Pour nous, si cela ne fait pas de doute. Il s’agit également d’une logique qui pousse aux discriminations de ces mêmes femmes après le lycée, quand bien même leur liberté de culte est en théorie garantie par la loi de 1905 et par la constitution. Pour exemple : refus d’accès à une formation professionnelle, à une salle de sport, à un concours, à une piscine, dans le cadre des sorties scolaires, à une plage, à un restaurant, et bien sûr exclusion sur le marché de l’emploi.
Les espaces de discrimination sont divers mais les services publics français conservent un quasi-monopole du champ d’expression de l’islamophobie interpersonnelle. (#Racisme systémique #rapport de domination)
Les médias participent activement à légitimer, renforcer, propager ces oppressions. Débat après débat, des assemblées d’individus dits « laïcs » discutent de l’Islam de France, de ce que devrait être l’interprétation et la pratique acceptables de cette religion, taillée sur mesure pour la République bleu-blanc-rouge. Débat après débat, la manifestation extérieure de convictions religieuses est délégitimée, d’abord pour les femmes de convictions musulmanes mais elle s’étend peu à peu à toutes les personnes dont la religion réelle ou supposée est l’islam. Débat après débat, le malaise et la suspicion sont construits et renforcés vis-à-vis de ces personnes et d’attitudes ou d’habitudes qu’elles pourraient potentiellement manifester ou dissimuler (#signaux faibles). Dès lors, on dresse le portrait-robot de l’ennemi intérieur.
L’année 2015 marque un tournant historique décisif : l’état d’urgence est prononcé à la suite des attentats en France. L’islamophobie mute et adopte une nouvelle dimension « sécuritaire ». Le nombre d’actes visant des personnes en raison de leur appartenance réelle ou supposée à l’Islam augmente alors de façon significative. Assignations à résidence, interdictions de sortie du territoire, licenciements abusifs et perquisitions se multiplient contre des citoyens et des citoyennes de confession musulmane sous couvert d’enjeux dits sécuritaires et ce sans pour autant donner lieu à des poursuites judiciaires. Le traumatisme est réel et les conséquences psychologiques et psychiques sur les personnes ayant subi les actes de l’État français sont profondes, comme en témoigne le film Soumaya sorti récemment en France et faisant l’objet d’un boycott et d’un silence assourdissant dans les médias dominants.(#Etat traumatogéne)
« Jusqu’en novembre 2017, 4457 perquisitions administratives ont eu lieu dans le pays pour seulement une vingtaine de procédures ouvertes au parquet antiterroriste de Paris. C’est alors que nous, psychologues, avons dû faire face aux mêmes symptômes, aux mêmes maux, dans une même période, chez des personnes issues d’horizons parfois totalement différents. Un seul point commun les unissait : tous avaient été perquisitionnés et/ou assignés à résidence et/ou avaient l’interdiction de quitter le territoire français, en raison, pour la majorité, de leur appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane. Les études sur les troubles psychiques et comportementaux causés par l’islamophobie ne sont pas nombreuses, mais à travers notre clinique nous notons que les propos recueillis par mes collègues et moi-même font assurément écho et ont les mêmes conséquences qu’un épisode de stress post-traumatique (ESPT) : honte, isolement, culpabilité, ruminations, ou évitement. » – Wassima Assaïdi, psychologue clinicienne – Extrait du rapport 2019 du CCIF – Article intitulé « D’un Etat protecteur… vers un Etat traumatogène ? » p.24
L’islamophobie est permise en France, elle n’est pas réservée aux mouvements les plus proches des idées racistes, elle se diffuse à tous les niveaux de la société ou du champ politique et ce au nom de l’universalisme si cher à la France. De droite comme de gauche, en passant par les milieux dits féministes, de la part d’un-e employé-e ou de médecins, les auteurs et actrices d’actes islamophobes ont le sentiment d’avoir tous les droits. D’où vient donc ce sentiment d’impunité qui assure aux auteurs et autrices de propos islamophobes une publicité et un soutien social important ? Comment peut-on, en direct à la télévision, dans une université, dans les milieux militants, inférioriser des personnes en raison ou via leurs convictions religieuses, qu’elles soient réelles ou supposées, et ce en toute décontraction ? Ces questions symbolisent avant tout le statut social de l’islamophobie : un racisme abondamment légitimé et marginalement dénoncé à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle internationale.
En témoignent les situations des Ouïgours en Chine ( enfermé-e-s dans des centres de ‘rééducation’), des musulman-e-s en Inde ( seul-e-s réfugié-e-s du pays qui ne peuvent pas obtenir la nationalité suite à une réforme de la loi en 2019 par le gouvernement de Modi) et des Rohingya en Birmanie (privé-e-s de citoyenneté depuis des décennies, soumis-e-s à des tentatives répétées d’épuration ethnique, 750 000 d’entre eux/elles ayant fuit des milices en direction du Bangladesh dans des violences extrêmes). Trois populations qui ont en commun d’être musulmanes, persécutées et quasi-oubliées. (#Indignations sélectives #colonialismes #capitalisme)
Mais les résistances s’organisent…
En France, Le CCIF (Le Collectif Contre l’Islamophobie en France) s’est constitué précisément parce que les organisations « antiracistes » traditionnelles ne reconnaissaient pas la réalité et les mécanismes de l’islamophobie.
« Le Collectif Contre l’Islamophobie en France est une association fondée en 2000, dont la mission est de combattre l’islamophobie. Définie comme l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des individu-e-s ou des institutions en raison de leur appartenance réelle ou supposée à l’Islam, l’islamophobie se présente comme l’expression acceptable d’un racisme qui ne dit pas son nom. La visibilité des musulman-e-s dans l’espace public bouscule certains dans leurs privilèges et leur intolérance. Depuis quelques années, on observe un glissement sémantique tous bords politiques confondus. Le racisme biologique étant puni par la loi et son expression quasi impossible dans la sphère publique, on lui préfère aujourd’hui un racisme culturel. Sous couvert de « défense de la laïcité », de « l’identité nationale », des « racines judéo-chrétiennes » de la France, un nouvel ennemi de l’intérieur est désigné : les musulman-e-s. Si le CCIF a construit son expertise autour des questions liées à l’islamophobie, il condamne et combat toutes les formes de racismes. »
Cible d’une campagne de décrédibilisation calomnieuse qui s’intensifie à mesure qu’il gagne en visibilité, le CCIF mène des actions (notamment juridiques et psychologiques) précieuses pour les victimes d’Islamophobie sur le territoire français. Reconnu et écouté par l’ONU et par d’autres organisations internationales, le Collectif fait état de réalités qui perdurent et se généralisent en France.
Lila Charef, responsable du service juridique du CCIF, prend la parole à l’ONU
Et vous attendez de nous qu’on s’écrive “Vive la République !”
Jusqu’au départ des troupes coloniales françaises d’Algérie, les efforts ont été nombreux et constants de la part de la France pour gérer, limiter et orienter les pratiques religieuses des Musulmans et Musulmanes parmi ses administré-e-s. Mais cette action de masse en Algérie a amené les mouvements anticolonialistes et nationalistes algériens à inscrire dans leurs revendications la non-ingérence sur les cultes. Cette revendication n’a jamais cessé d’être d’actualité pour les Musulmans et Musulmanes (Français-e-s ou non) vivant en France. Si bien que le 10 novembre 2019, une marche historique a été organisée et la loi de 1905 sur la laïcité a été rappelée dans les chants de manifestants et de manifestantes aux convictions et sensibilités diverses s’agissant des religions ; des personnes unies, ce dimanche-là, par l’antiracisme.
Cette marche, qui a réuni entre 13 500 et 40 000 personnes à Paris, a été à l’initiative de victimes d’islamophobie et rien que ça, dans le pays de SOS Racisme et de Touche Pas à mon Pote, c’était un affront pour les adeptes de l’universalisme, inquiet-e-s, agité-e-s car dépossédé-e-s de leur habituel pouvoir de contrôle sur les discours antiracistes. Le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) fondé en 2003 par N. Sarkozy et interlocuteur privilégié des présidents de la République successifs, avait d’ailleurs annoncé son absence à cet événement antiraciste. Rien de surprenant.
Ce qui en troubla plus d’un par contre, c’était de voir et d’entendre des cibles de ce racisme, pendant la marche, oser rappeler que « Allahou Akbar » est une formule qui appartient aux Musulmans et aux Musulmanes et que cette phrase signifiant « Dieu est Grand » reste noble pour eux et elles. Il est donc absolument hors de question qu’elle soit associée au terrorisme. Des «Allahou Akbar » ont été donc entonnés par une partie de la foule afin de se réapproprier publiquement cette formule. Mais évidemment, ça n’a pas plu à celles et ceux qui avaient déjà décidé de boycotter cette marche :
« Moi ce que j’aurais voulu entendre, dans une manifestation comme ça, c’est que, en France, dans l’État qui est le nôtre, le pays qui est le nôtre, c’est la République qui est « akbar » et pas Allah, ni Dieu, ni Jéhovah. C’est la République qui est « akbar », voilà. » – Eric Naulleau dans Balance Ton Post, 14/11/2019
A cette marche étaient présents des collectifs et associations qui luttent au quotidien contre les racismes, comme Lallab ou encore le Collectif « Une école pour tous-tes ».
Rappelons enfin que la sous utilisation de la justice et des structures de lutte contre les discriminations tend à renforcer l’idée que l’islamophobie, ce n’est finalement pas si « grave ». Pire il serait déplacé que les personnes saisissent la justice pour faire entendre leurs droits !
« Quand l’injustice devient la loi, la résistance est un devoir » – Thomas Jefferson
Édito co-rédigé par Manelle et Elise S