Le Cridev a fait le choix d’orienter ses actions autour de cette thématique sur l’année 2016-2017. Cette thématique a été réfléchie et mise en place dans une volonté, d’une part de comprendre et analyser les flux migratoires et d’autre part, d’agir concrètement auprès des premiers et premières concerné-e-s sur notre territoire.
Le Cridev affirme qu’il n’y a pas de crise migratoire mais bien une crise des politiques migratoires : non délivrance de visa, militarisation des frontières, durcissement des démarches de régularisation avec une sélection des “bons” et des “mauvais” migrant-e-s. Ces politiques ont des conséquences graves pour les personnes avec plus de 5000 morts, en 2016, en méditerranée (1), mer devenue un cimetière à ciel ouvert. Citons Fatou DIOME : “les gens qui meurent sur les plages, si c’était des blancs la terre serait entrain de trembler”, “si on voulait sauver les gens dans l’atlantique ou la méditerranée on le ferait, parce que les moyens qu’on a mis pour frontex, on aurait pu les utiliser pour sauver les gens. Mais on attend qu’ils meurent (…) c’est à croire que le laisser mourir est un outil dissuasif”.(2)
Sur la question de l’agir, nous l’avions pensé sous deux axes principaux :
– Accompagner les désirs d’engagement et de découvertes de nouveaux territoires des gens “d’ici” en déconstruisant les préjugés et les représentations autour de l’aide humanitaire notamment. Cela a notamment donné lieu à une soirée sur le « volontourisme » en mars.
– Agir avec les personnes étrangères sur notre territoire en partageant notre vision d’un monde plus juste et plus solidaire. Pour ce faire, nous avons travaillé avec des associations et collectifs concernés, des demandeurs d’asile de DIDA (D’Ici et D’Ailleurs), différentes soirées “causeries” ont été organisée avec les associations Tous pour la Syrie, Les Amitiés Kurdes, France Palestine, Utopia 56, la Cimade, etc. pour mieux comprendre les phénomènes d’exclusion et d’injustices sociales vécues.
L’équipe du CRIDEV souhaitent se positionner aujourd’hui comme des allié-e-s, pour dénoncer les injustices sociales et les systèmes de domination de notre société. Nous poursuivrons notre travail sur la question du racisme culturaliste, en dénonçant les visions ethnocentrées et assimilatrices. Nous souhaitons nous pencher sur notre histoire notamment celle du colonialisme qui a des effets directs sur les systèmes de domination et les rapports Nord-Sud. Comme le dit Saïd Bouamama, citant les théories de Franz Fannon “Pour que la colonisation soit possible, comme l’esclavage, il faut diffuser un sentiment d’infériorité du côté du peuple agressé et un sentiment de supériorité du côté du peuple du pays agresseur. (…) Ce sentiment de supériorité n’a pas d’autre nom que le racisme, puisqu’il s’agissait de justifier une hiérarchisation des personnes en fonction de leur origine pour pouvoir expliquer que le devoir de civilisation nous obligeait à y aller, et par conséquent nous avons là la construction du racisme.”(3)
Sur le quartier de Villejean un projet, avec Afrik entraide et le REMB (réseau des étudiants mahorais-e-s de Bretagne), est en cours avec les premiers et premières concernées par des discriminations systémiques. Les bénévoles et l’équipe permanente du Cridev vont suivre une formation avec Anne Morillon, du collectif Topik (Collectif de recherche et d’intervention en sciences humaines et sociales), le 17 juin, pour mieux appréhender le concept de discrimination, notamment liée à l’origine (réelle ou supposée). Cet espace sera l’occasion de construire la thématique que nous souhaitons travailler à partir de septembre. Nous souhaitons, pour les mois à venir, continuer à créer des alliances avec différents collectifs dans une optique de convergence des luttes! Et, les résultats du premier tour des élections présidentielles nous montrent que nous avons encore du chemin à faire pour un monde plus juste et solidaire, on ne lâche rien!
(1)
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(2) propos extraits de l’émission Ce soir (ou jamais!) “Accueillir toute la misère du monde?” du 24/04/2015
(3) propos extraits de la video disponible sur Youtube intitulée “Saïd Bouamama – Capitalisme, flux migratoires et révolution africaine
Judicaëlle (Administratrice).
(Cet édito s’inspire des échanges qui ont eu lieu lors de la formation, du 24 avril 2017, sur la clôture de la thématique annuelle organisée par l’équipe permanente – un grand merci à elle)